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Ne m'en veuillez pas, je ne suis pas historienne. Mais ... si l'Histoire appartient aux spécialistes, l'Emotion , elle, appartient à tout le monde...

lundi 4 août 2008

21) Le 13 octobre

Fin septembre 1943, une nouvelle tâche s'annonçait pour le groupe. Le Bretagne faisait officiellement partie du programme de réarmement de l'aviation française et devait être doté dans les jours prochains de Glenn Martin Marauders, des B26.Le groupe devrait se rendre bientôt en Afrique du Nord pour y être remanié.

Le capitaine Mahé se rendit le 5 octobre à Alger pour y connaître les détails de l'opération.

Tout l'entraînement était à refaire, on se remit au travail. On appela des volontaires supplémentaires pour se transformer en groupe de bombardement moyen américain.

C'est dans cet esprit , cette volonté d'être prêts, que le 13 octobre , comme tous les jours précédents, l'équipage du BJ428, aux commandes du lieutenant Pierre Grillet, âgé de 24 ans décola du terrain de Rayack






A bord de l'avion, il y avait également l'adjudant Marcel Colombey 21 ans, l'adjudant Eugène Laurent , 27 ans, le lieutenant Novak d'origine tchèque, 29 ans, et le sergent Edouard Dion radio mitrailleur, 24 ans.

L'avion décola, peu après le moteur droit tomba en panne, il partit en vrille, et s'écrasa au sol en l'espace de quelques secondes ,au bout du terrain d'aviation de Rayack.

Tout l'équipage fut tué. Sans avoir rien pu tenter.

On ne retrouva pas le corps de l'adjudant Colombey ( d'après la fiche "sépulture" de la DPMA note datant de 1954), c'est dire la violence du choc.

D'après Mr Flamand, tout s'est passé si vite que l'équipage de l'avion n'a rien pu voir ni comprendre. On dit pourtant qu'avant de mourir on a le temps de revoir sa vie se dérouler.

Selon les dires des personnes qui en ont su quelque chose à l'époque, un certain Roger Lafont, je n'en sais pas plus, aurait sorti le corps d'Edouard de l'avion après l'accident. qui est ce nommé Lafont ? Je n'en sais rien.Je vais essayé de retrouver sa trace. Personne ne pourra certainement plus m'indiquer maintenant quels furent les derniers instants de vie d'Edouard. je ne peux que les imaginer.

Nous savons seulement que la disparition des membres d'équipage du BJ 428 porta un sacré coup au moral du groupe, car ils étaient des camarades appréciés de tous.

Et ma famille?
Voici ce qu'elle reçut de la Croix Rouge presque trois mois après la disparition d'Edouard.

Monsieur, Madame,



Nous avons le regret de vous informer que nous venons de recevoir de la part des autorités britanniques le renseignement suivant:



"DION Edouard, Jean-François

né le 30 mai 1919 à Basse Indre ( Loire Inférieure )

sergent

est décédé le 13 octobre 1943 au cours d'un vol d'entraînement en service commandé.

L'inhumation a eu lieu au Cimetière Français de RAYACK ( Liban).



Tous les camarades d'Edouard DION regrettent vivement sa perte et s'associent de tout coeur au deuil de sa famille.



Ce sont là les seuls renseignements que nous possédons.

Si d'autres indications nous parviennent par la suite sur les circonstances qui ont accompagné le douloureux évènement dont nous vous faisons part ci-dessus, nous ne manquerons pas de vous le communiquer.



Tou en vous assurant de notre entier dévouement, nous vous prions de croire....


En mai 1945, un courrier du commandement fut envoyé, on peut y lire un mot de la main du commandant Mahé:







Ce fut un cataclysme.
Edouard le petit dernier n'était plus. Difficile de se faire à cette idée.

Le père d'Edouard, mon arrière grand père, vieillit en l'espace d'une nuit, à l'annonce du décès de son fils.
Alice écrivit à ses soeurs : " On dirait que Papa a cent ans "

Combien sont-ils comme eux à avoir été sacrifiés? Je pèse mes mots.
Je pense en effet que ces hommes ont été envoyés à leur mort certaine en toute connaissance de cause. Ils avaient fait don quasiment de leur personne à leur pays. J'ai le sentiment au travers de mes lectures, d'une injustice. Ils volaient sur des avions fatigués, le personnel faisant ce qu'il pouvait dans des conditions exécrables.

On me dira, c'était la guerre, il fallait ce sacrifice pour avancer. Moi je n'en suis pas convaincue, finalement , on ne vaut pas cher.

D'ailleurs, j'ai également le sentiment que ce groupe , le Bretagne n'intéresse pas grand monde même encore aujourd'hui. Il n'y a qu'à voir par exemple, le nombre de publications sur le Normandie Niémen , en comparaison à celles consacrées au Bretagne.

Je ne remets pas en cause le prestige de ce groupe de chasse, loin de là mon idée. Non, je dis seulement que la douleur est aussi grande pour ceux qui ont perdu un proche, qu'il se soit tué à bord d'un mythique Spitfire ou bien d'un moins prestigieux Glenn Martin 167F .

De ces derniers on ne parle pas assez.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Good for people to know.